Don't put a ring on it

Je sais pas vous, mais moi j'ai parfois l'impression que ma vie est une chanson de Françoise Hardy. Vous ne voyez pas de quoi je parle ? Mais si. Tous les garçons et les filles de mon âge se promènent dans la rue deux par deux, tout ça. Oui mais moi je vais seule dans les rues l'âme en peine, oui mais moi je vais seule car personne ne m'aime.
Du coup ça me perturbe cette chanson, maintenant j'évite carrément de sortir dehors, de peur que toutes ces paires me jettent des pierres en criant "personne ne t'aime, rentre chez toi !" Ils sont teigneux, tous ces gens en couple.

Mais heureusement j'ai ce blog pour épancher mes états d'âme. J'ai aussi 100% Mag pour me rappeler que ma vie n'est pas si pourrie que ça : je pourrais être Estelle Denis, animer une émission toute moisie et être en couple avec ce héros national qu'est Raymond Domenech.

Tout ça pour dire qu'aujourd'hui les amis je vais vous parler d'hommes. Enfin, pour le coup, d'absence d'hommes.

Ce qui en fait n'est parfois pas plus mal

Pendant ce temps-là, Estelle Denis enquête sur "la vérité sur l'hygiène de vos commerçants". Je ne plaisante pas, c'est le titre du reportage. J'ai enlevé le son, je ne peux donc qu'espérer qu'elle ne parle pas des commerçants eux-mêmes mais des CONDITIONS d'hygiène de leur commerces.

Mais passons et revenons-en aux hommes. Spécialement pour vous, lectorat fan de Gérard Vives (je ne m'en remettrai jamais), je vais vous révéler comment faire pour que ce soit dans votre coeur comme dans une chanson de Françoise Hardy : et oui, vous ne rêvez pas, je vais vous donner en exclusivité mondiale la recette de la lose sentimentale. Ne me remerciez pas, ça me fait plaisir !

Pour rebuter l'Homme/la Femme (appelons-les comme ça, j'aime bien les stéréotypes primaires), il vous faudra un ingrédient de base : être un peu compliqué sur les bords et même au centre, comme moi. Ceci est indispensable pour donner de la consistance à votre vie de célibataire : vous serez seul, mais au moins grâce à votre nature complexe (et par "complexe", il faut comprendre "pénible") vous ne vous ennuierez jamais. Et comme vous êtes compliqué, vous vous poserez encore plus de questions sur le pourquoi du comment qui fait que vous êtes tel que vous êtes (j'ai du mal à suivre moi-même ce que je dis, c'est dire).

Ensuite, et ça va paraître paradoxal, pour être seul et le rester, il faut d'abord jeter son dévolu sur quelqu'un. Oui mais attention, pas n'importe qui : quelqu'un qui vous rejettera ! Et puisque vous êtes compliqué, le choix ne manque pas, vous pouvez vous faire plaisir ! Votre proie peut ainsi être : quelqu'un de déjà casé (et amoureux, sinon le rejet devient moins probable), de totalement inaccessible (plus beau que vous, plus intelligent, plus riche, plus célèbre, plus populaire), qui est dans les ordres, ou homosexuel/hétérosexuel alors que vous non... Ou quelqu'un qui est tout ça à la fois, si vous aimez les défis (comprendre : "les causes perdues").

Plus généralement, la proie de base du célibataire qui le reste se range en deux catégories : dans la première, on retrouve les gens qui ne vous connaissent pas du tout (alors que vous, vous les suivez partout depuis 3 ans (oui, le célibataire est persistant dans l'erreur, c'est ce qui fait son charme)). Dans ce cas c'est facile, leur rejet se manifestera sous la simple forme de l'ignorance totale de votre existence. Ce qui alimentera sûrement votre folie : "Un jour, il/elle me remarquera !"

Je vous donne un exemple précis : mon amour des rock stars au sexe à piles de fol aïl.
En ce moment même, Sergio Pizzorno me chante à l'oreille (je suis toujours dans ma folie Kasabian, si ça ne vous plaît pas tant pis) she knits a snare and catches me again et we're gonna make it through, et là je dis banco ! Je pense en toute honnêteté et en tout réalisme qu'il a écrit cette chanson en pensant à moi, sauf qu'il ne le sait pas encore. Tout ça changera quand il me rencontrera !
Et comme j'ai des dons de prescience je peux même vous décrire l'instant précis où nos vies vont basculer et nos destins s'entremêler à tout jamais : il chantera British Legion (la fameuse chanson) seul sur scène (les autres membres du groupe se seront tous précipités en coulisses pour cause de gastro foudroyante), et au moment précis où il dira ces paroles, son regard se posera sur mon visage éclairé par la passion (c'est d'ailleurs grâce à ça qu'il pourra me voir puisque le public sera dans le noir), mes yeux illuminés par la bière rencontreront les siens, le temps s'arrêtera, Je t'aime de Lara Fabian résonnera dans ma tête et I Want You de Bob Dylan dans la sienne (parce qu'il ne parle pas français et qu'il n'a pas des goûts musicaux de merde, lui), et l'Amour entrera dans nos coeurs au son des tam-tams (je ne sais pas ce que les tam-tams viendront faire là-dedans mais bon, vous avez compris le principe).
Là vous vous dites que je suis quand même un peu dingue, et vous n'avez sûrement pas tort. C'était juste pour vous montrer, de façon certes très exagérée mais ô combien révélatrice, les possibilités infinies qu'offre cette première catégorie.

La deuxième catégorie est un peu plus casse-gueule mais vous procurera en contrepartie de bonnes prises de tête assez funky : jetez votre dévolu sur quelqu'un que vous connaissez, mais qui n'imagine pas une seule seconde que vous l'avez élu(e). Là encore vous avez plusieurs options. Je vous conseille néanmoins d'éviter les membres de votre famille puisque notre société prohibe l'inceste, comme l'a très justement démontré feu Claude Lévi-Strauss (et oui, j'arrive à placer des références hommage dans un post qui n'a aucun rapport, c'est quand même la classe ! C'était l'instant "caution intellectuelle"du jour ). En revanche vous pouvez sans problème vous rabattre sur un collègue, le boulanger, la charcutière, quelqu'un que vous connaissez vite fait, ou mieux encore, un ami ! Ah, l'ami(e)-qui-serait-bien-plus-qu'un(e)-ami(e)-mais-en-fait-non-il/elle-veut-pas, qui n'en n'a jamais rêvé ? C'est un peu le Graal de tout célibataire, le terrain des possibles où votre imagination débordante pourra s'en donner à coeur joie. Mais sans concrétiser : ah non messieurs-dames, c'est bien plus drôle comme ça ! C'est d'ailleurs tout le principe de la fameuse théorie de l'échelle (ben oui, vous vous doutez bien que je ne balance pas tout ça dans le vent : je sais qu'il me faut des preuves et des exemples, j'ai un bac S !). Je pense qu'elle fut au départ conçue par un aigri qui s'était fait refouler par une amie, mais je trouve qu'elle peut aussi fonctionner dans les deux sens, pas de discrimination !

Une fois que vous avez rempli toute ces conditions, félicitations, vous vivez désormais dans une chanson de Françoise Hardy !

Ou d'Eurythmics et d'Annie Lennox qui ne se promène pas "dans les roues deux par deux"

Il ne vous reste plus qu'à entretenir votre statut en ne faisant pas de nouvelles rencontres, car vous aimez les cas désespérés. Et si par malheur la personne sur qui vous avez des vues ne rentre dans aucune des deux catégories (ça arrive parfois, le coeur a ses raisons, bla bla) et accepte vos avances, vous aurez évidemment fait en sorte d'avoir choisi quelqu'un qui a autant de problèmes que vous, ce qui au final vous renverra à la case départ.

Vous l'aurez donc compris, le célibat est un vrai jeu de l'oie, et c'est vous le dindon de la farce !
[ah oui petit détail : l'humour nase aide beaucoup le célibataire à le rester, c'est un peu ce que la Forteresse de Solitude est à Superman]



PS : Attention, ce post n'est en aucun cas autobiographique, vous n'y êtes pas du tout ! Non, dans mon cas, ma vie est une chanson de Françoise Hardy parce que je suis trop tout : trop intelligente, trop drôle, trop belle, trop sympa, trop charmante, trop magique. Forcément, un tel degré de perfection condamne à la solitude !

Ah non, c'est pas ça ?